La pensée humaine possède différents niveaux de maturité chez chacun de nous. Je parle de structure, de moteur et non pas de contenu que sont les idées. Le fait de le savoir, peut nous faire évoluer pour appréhender la vie sous des angles différents et se construire positivement. Avant tout, il est important de faire usage de son libre-arbitre, de ne pas prendre pour argent comptant toutes les informations vues et entendues et d’utiliser pleinement son esprit pour appréhender au mieux la réalité.
Les paragraphes qui suivent respectent un ordre précis, des étapes importantes de compréhension en paliers, qui nous amènent à une construction intellectuelle aboutie.
L’intuition
Le cerveau humain possède des capacités intuitives (hémisphère droit) complémentaires de notre intelligence rationnelle (hémisphère gauche). L’intuition résulte des synthèses d’informations qui s’effectuent de manière inconsciente dans le cerveau droit qui travaille de façon analogique et intuitive, tandis que le cerveau gauche travaille selon un mode logique et rationnel. Ces informations conscientes et perceptions inconscientes sont enregistrées dans notre mémoire.
L’intuition prend en compte une multitude d’éléments dont nous n’avons pas conscience pour décider. C’est le feeling. Etre à l’écoute de son intuition, c’est essayer d’écouter ce que l’on ressent profondément et c’est aussi être en contact avec notre inconscient. Nous devons être un minimum en accord avec nous-mêmes et notre inconscient, car si nous ne pouvons supporter ce qui s’y trouve, l’inconscient devient totalement inaccessible au conscient, afin que ce dernier ne puisse pas voir ce qu’il ne veut pas assumer. Le calme intérieur est nécessaire pour la suite …
Il est important de préciser que Descartes n’avait pas entièrement raison sur le cogito ergo sum (je pense donc je suis). En effet, il est établi maintenant que pour obtenir une pensée raisonnable, le cerveau devait avant tout ressentir une émotion : joie, tristesse, peur, colère, dégoût ou surprise. L’intuition, le feeling, l’imagination ou l’émotion ne s’opposent pas à la raison mais sont les premières pensées irrationnelles que produit le cerveau humain. Toujours dans un second temps, la rationalité produit au final les capacités logiques et décisionnelles.
Passer du noir et blanc à la couleur
Beaucoup de personnes pensent en noir et blanc, c’est à dire de façon binaire : c’est bien ou c’est mal, c’est vrai ou c’est faux. Vous en connaissez sûrement qui ne savent pas positionner le curseur au bon endroit et qui vont directement aux extrêmes. Les conséquences du mode de pensée binaire ou manichéen sont le dualisme, l’absence de nuances, l’intolérance, et finalement la violence et la rupture. Les manichéens apprécient les choses selon les principes absolus du bien et du mal, sans nuances et sans état intermédiaire. Le manichéisme est une religion antique quasiment perdue qui a inspirée les penseurs chrétiens du moyen-âge (et ses conséquences).
Le progrès à réaliser consiste à penser en niveaux de gris, c’est à dire à distinguer des nuances entre les opposés. Des nuances de gris apparaissent alors entre le noir et le blanc. Cela permet à la réflexion de devenir un peu plus subtile, et aussi, de s’approcher de la vérité.
L’idéal est de parvenir à voir la réalité en COULEUR.
Il ne reste plus ensuite qu’à augmenter la précision de notre représentation de la réalité (la résolution de l’image), afin de percevoir le monde avec toutes ses nuances, sa complexité, et sa beauté. Je vais développer …
Passer de la logique binaire à la logique tétravalente
L’intelligence rationnelle est indispensable pour analyser les problèmes. Elle opère à la manière d’un logiciel, en analysant les informations selon une logique prédéfinie. Le plus souvent, nous utilisons une logique binaire qui n’est capable d’envisager que 2 possibilités opposées (vrai ou faux), ce qui donne une vision simpliste et partiellement vrai de la réalité.
La logique binaire est un peu la version 1.0 du logiciel système de notre intelligence.
Une amélioration de la logique binaire est la logique tétravalente, qui est basée sur 4 possibilités. C’est la version 2.0 du logiciel.
Prenons le cas de 2 propositions contradictoires A et B :
La logique binaire envisage 2 possibilités :
1) A = vrai et B = faux
2) A = faux et B = vrai
La logique tétravalente envisage 4 possibilités :
1) A = vrai et B = faux
2) A = faux et B = vrai
3) A = B = faux
4) A = B = vrai
Les algorithmes de logiciels tournent en base selon cette logique. La logique tétravalente permet davantage de souplesse et de liberté d’esprit mais ne prend en compte qu’un seul point de vue . Elle ouvre la voie au progrès suivant : la vision relativiste.
Adopter une vision relativiste
La vision relativiste amène à voir la réalité avec toutes ses nuances et sa subtilité. Elle va bien plus loin que la logique tétravalente, en envisageant un nombre illimité de cas possibles, et en évaluant chaque chose par rapport aux autres, et non en termes absolus. La même réalité peut être vue différemment, selon le point de vue de l’observateur… Exemple, selon les angles d’observation :
Physiquement, la réalité nous entoure, on se sent donc naturellement comme le centre de notre monde avec un point de vue unique. C’est pourquoi nous devons essayer de voir les choses avec un point de vue extérieur à soi-même, et en regardant chaque situation sous plusieurs angles simultanément. Le cylindre est la réalité et pas uniquement un cercle et un rectangle. La réalité est ce qu’elle est, figée à l’instant T et notre pensée doit s’efforcer de concevoir des approches sous divers angles.
L’autre enseignement de la relativité est la causalité. Les humains ont souvent tendance à ramener un problème à une cause unique. Alors qu’en réalité, une conséquence a toujours des causes multiples de divers degrés. Certaines causes sont majoritaires et représentent 20 ou 30% de la causalité. D’autres causes, un peu plus nombreuses, pèsent entre 2 et 5%. Enfin, une myriade de micro-causes pèsent moins de 1%. Si on ne traite qu’une seule cause, 70% des problèmes subsistent, soit une majorité.
Les deux exemples suivants montrent l’abstraction de la réalité et ses effets trompeurs sur notre cerveau.
Le plan d’une ville n’est pas la ville elle-même avec tous ses détails de réalité. Nous devons tenir compte du fait que la réalité est toujours plus complexe et plus riche que ne le suggère notre plan résumé sur deux dimensions.
Dans le même esprit, Magritte peint son fameux tableau « Ceci n’est pas une pipe », pour montrer que l’image d’une pipe n’est pas l’objet lui-même.
Ces deux exemples d’abstraction montrent que pour cerner la réalité en 3D, il est impératif d’ajouter une autre dimension au système en 2D.
Penser en 4D
La plupart des humains pense et voit le monde en 3 dimensions. Pour réfléchir et agir, ils se basent sur une représentation mentale de la réalité qui est donc en 3D. Allons plus loin en ajoutant une dimension scalaire : le temps.
Penser en 4 dimensions, c’est penser avec le TEMPS.
Ce qui distingue les grands stratèges (politiques, banquiers, traders, entrepreneurs, militaires, joueurs), c’est leur capacité à prendre en compte le temps, c’est à dire l’évolution des choses dans le temps. Ainsi, ils peuvent concevoir des stratégies à long-terme, qui utilisent les effets du temps sur les situations et les personnes. C’est ce qui permet de concevoir des stratégies dont la plupart des éléments restent invisibles pour l’adversaire, car ils sont situés dans le futur. Tout le monde n’est pas entraîné pour penser en 4 dimensions. Les étapes précédentes sont nécessaires si la pensée manichéenne prévaut.
La pensée universelle
Lorsque la pensée en 4D est atteinte, le palier suivant n’est pas loin, vous devez vous interroger à grande échelle : d’où je viens et ou je vais ? La recherche vous amènera rationnellement au big bang, aux multivers, à la philosophie. Prendre du recul dans le temps, c’est prendre en compte le fait qu’à chaque époque, ce que la majorité du monde croit être bon, vrai, ou indispensable peut être en réalité une erreur à grande échelle.
En 1400, la majorité des gens croyaient que la Terre était plate ou que le Soleil tournait autour de la Terre, censée être au centre de l’Univers.
En 1900, la majorité des hommes croyaient indispensable de porter un chapeau, et la majorité des femmes croyaient indispensable de porter un corset.
En 2000, la majorité des humains croient que le but de la vie consiste à atteindre toujours plus de jouissance en consommant le meilleur des biens et services de la planète.
La société d’une époque doit être replacée dans son contexte global, celui de l’évolution humaine, et plus largement encore, celui de l’évolution de la vie sur Terre. Au niveau personnel, l’instant présent doit être replacé dans la perspective du temps global de notre vie.
Il est utile d’élargir son champ de vision à partir du point d’observation où l’on se trouve : la société, le pays où l’on vit, la planète avec ses peuples et de ses cultures, le système solaire, la voie lactée, les galaxies et finalement l’univers et ses milliards de milliards d’espaces et de temps.
Maintenant que le meilleur logiciel est inscrit dans l’hémisphère gauche du cerveau, la pensée est bien plus précise, plus affûtée. Les décisions sont plus justes. Le cerveau pense maintenant en couleur, ce n’est pas une vision chromatique mais un apprentissage cérébral devenu réflexe. Le temps de la sagesse* et du savoir* est enfin arrivé !
Pour parfaire la pensée humaine, l’intelligence ne suffit pas. Il est important d’augmenter le niveau de conscience. Plus la conscience sera élevée, meilleures seront les performances et la vie de l’individu.
* Le mot « philosophie » est un mot d’origine grecque (philosophia) : il se décompose en philo- (aimer, chercher) d’une part, et, d’autre part, -sophie (connaissance, savoir, sagesse). Littéralement, la philosophie est la recherche ou l’amour du savoir.